Une date anniversaire pour le CC: 300 réunions pour le bien des juifs suisses

Le 10 janvier 1944, jour de la première réunion du Comité central (CC), personne n’a le cœur en fête. La guerre ravage l’Europe, les nazis ont déjà massacré une grande partie des juifs européens. Au premier ordre du jour du CC figure l’aide aux réfugiés juifs : il décide de participer financièrement à la création d’un fichier des déportés, fait en sorte que les enfants orthodoxes trouvent refuge dans un environnement approprié et fait parvenir aux internés militaires juifs des mazot pour Pessah. Durée de cette première réunion : 8 heures !

A Berne, l’ambiance était plus détendue ; pour fêter la 300^e réunion du CC avaient été invités tous les membres anciens et en exercice du CC. Ensemble, on passe en revue l’histoire mouvementée de cet organe, échange des souvenirs et discute de la situation actuelle des juifs vivant en Suisse. Myrthe Dreifuss évoque avec fierté sa fonction au sein du Comité directeur de la FSCI et celle d’ancienne présidente du VSJF : « Ma vie privée en a certes souffert, mais je ne regrette pas mon engagement, qui m’a fait vivre une tranche d’histoire. » Ambassadeur d’Israël à Berne, Jacob Keidar honore le CC de sa présence. Il se félicite de la bonne entente qui règne entre Israël et la Suisse, mais évoque aussi les divergences de vues concernant, par exemple, la politique de peuplement israélienne. Pour ce qui est du partenariat entre la FSCI et les communautés juives, l’ambassadeur n’a que des paroles élogieuses.

Alain Schauder, membre du CC

En tant que Président de la communauté israélite de Lausanne et du Canton de Vaud, il est très important de participer d'une manière active aux débats menés par le CC et par la FSCI. Nous nous devons de porter la voix de la CILV et de pouvoir partager avec les autres communautés de notre pays nos problèmes, nos expériences, nos craintes afin de trouver des solutions communes qui peuvent bénéficier à tous. Il est aussi important de pouvoir informer nos membres de ces discussions afin qu'ils comprennent que nous ne sommes pas isolés mais que nous collaborons tous au bien- être de nos communautés et surtout aux problèmes sécuritaires qui nous préoccupent énormément à l'heure actuelle.

Daniel Frank, président du CC

En tant que représentant au CC de la communauté juive de Bienne, communauté unitaire relativement petite, j’ai à cœur de renforcer la cohésion intérieure des communautés juives de Suisse. Le CC, lui aussi, doit s’engager et encourager la coopération et le vivre ensemble entre communautés orthodoxes, conservatrices et libérales, entre communautés de la Suisse romande et alémanique ainsi qu’entre communautés nombreuses et peu nombreuses. La protection de nos membres, et surtout de nos enfants ainsi que de nos institutions juives, fait partie des tâches les plus urgentes.

Darina Langer, ancienne secrétaire du CC

Vingt années d’activité comme secrétaire du Comité central m’ont valu de travailler avec les présidents suivants : Claude Nordmann, Gabrielle Rosenstein, Sabine Simkhovitch-Dreyfus, Felix Liatowitsch, David Jeselsohn et Pierre Ezri. J’ai eu avec tous, ainsi qu’avec les membres du CC des relations extrêmement cordiales. Chaque réunion fut pour moi un plaisir de les retrouver dont je me réjouissais d’avance. Les problèmes à traiter ne faisaient pas toujours l’unanimité ; il y eut aussi des critiques et des moments de contrariété. Des sujets comme le budget, l’admission des communautés libérales ou la révision des statuts donnaient lieu à des discussions virulentes et les divergences d’opinion n’étaient pas minces. Pour ce qui est d’Israël, de la sécurité, de l’antisémitisme ou de la viande kasher, en revanche, le CC parlait d’une seule voix, soutenant pleinement le Comité directeur.

Martin Rosenfeld, ancien secrétaire général

Deux événements restent gravés dans ma mémoire : la suspension temporaire de leur affiliation à la FSCI par les deux communautés orthodoxes et le rétablissement de cette affiliation au terme d’âpres tractations. Ce fut pour la FSCI et le CC une rude épreuve, source de divergences marquées au sein du CC. Certains voyaient là une tentative de chantage, d’autres une chance de rapprochement avec les communautés libérales. Finalement, le retour des communautés orthodoxes au sein de la FSCI fut pour tout le monde un véritable soulagement. L’autre événement fut le résultat des négociations de paix d’Oslo et l’accord de paix entre Israël et les Palestiniens, que le CC accueillit avec joie et dans lequel il mit de grands espoirs. Des espoirs et une confiance en l’avenir que nourrissaient également les juifs suisses, vu la situation politique d’alors, mais qui, malheureusement, ne se sont pas concrétisés à long terme.

Pierre Ezri, ancien président du CC

Au-delà de ses fonctions et de ses compétences, telles que définies par les statuts, et de son rôle de soutien, mais aussi de contrôle de l’activité du CD, le CC est surtout à mes yeux un organe de contact entre les responsables communautaires de tout le pays. Lors de ses réunions régulières, il offre à ses membres l’opportunité d’échanger sur leurs problèmes et de s’inspirer de leurs expériences, et parfois de rechercher des collaborations à l’échelle régionale, voire nationale.

Sabine Simkhovitch-Dreyfus, ancienne présidente

« Lorsque je suis entrée au CC, c’était en grande partie pour que la Suisse romande soit plus présente dans cet organe. Je ne m’étais d’ailleurs pas trompée, puisqu’on m’a demandé à ma première séance de faire partie du bureau en tant que vice-présidente. Ce que l’on oublie parfois : les réunions du CC sont aussi une occasion d’apprendre des expériences faites dans les autres communautés et de créer des réseaux. C’est lors de ces échanges que le CC, où toutes les communautés sont représentées, prend sa véritable dimension. »