Un an après les attaques terroristes brutales du Hamas contre Israël, une cérémonie commémorative s’est tenue à la synagogue de Berne. Voici le discours de Ralph Friedländer, président de la FSCI

Hier soir, une cérémonie a eu lieu à la synagogue de Berne pour commémorer le 7 octobre 2023. Il y a un an, le Hamas et ses groupes alliés ont mené une attaque terroriste dévastatrice sans précédent contre Israël. De nombreux commandos terroristes ont franchi la frontière et envahi des villages, des villes, des kibboutz et un festival de musique. Quelque 1200 personnes ont été assassinées. Les cibles étaient des civils, beaucoup de femmes, d’hommes, de personnes âgées et même d’enfants. 251 personnes ont été enlevées à Gaza. Beaucoup ont connu une mort atroce, et plus d’une centaine sont encore aux mains du Hamas. On ignore combien sont encore en vie. Le 7 octobre 2023 a également marqué le plus grand massacre de Juives et de Juifs depuis la Seconde Guerre mondiale. Le choc a été immense pour toute la communauté juive à travers le monde; aujourd’hui encore, l’horreur ne s’est pas atténuée.

Plus de 200 participants et participantes se sont réunis dans la synagogue de Berne pour se souvenir des victimes et des nombreux otages qui n’ont toujours pas retrouvé leur foyer. Le secrétaire d’État Alexandre Fasel a exprimé la compassion et la solidarité du Conseil fédéral. L’ambassadrice israélienne Ifat Reshef a rappelé l’incroyable brutalité des attaques. Jardena Puder, dont un proche est retenu en otage, a suscité une attention particulière, empreinte d’une compassion perceptible, lorsqu’elle a partagé sa souffrance incessante et lancé un appel pressant à ce que les otages ne soient pas oubliés.

Dans son discours, le président de la FSCI Ralph Friedländer a évoqué les conséquences persistantes pour la communauté juive en Suisse. Il a notamment mis l’accent sur la montée de l’antisémitisme en Suisse. Son discours est retranscrit ici dans son intégralité.

Cérémonie commémorative du 7 octobre 2023

Discours de Ralph Friedländer

Dimanche 6 octobre 2024, Synagogue de la communauté juive de Berne

[Seul le discours prononcé fait foi.]

Monsieur le Secrétaire d’État, Cher Alexandre,

Madame l’Ambassadrice de l’État d’Israël, Chère Ifat,

Chers coprésidents et membres de ma communauté, la communauté juive de Berne,

Chers invités, Mesdames et Messieurs,

Il y a un an, le jour de la fête juive de Sim’hat Torah, bien des choses ont changé. Pour la population d’Israël, mais aussi pour nous, les Juives et les Juifs ici en Suisse et dans le reste du monde. Nos pensées vont aujourd’hui aux victimes du 7 octobre, mais aussi, bien sûr, aux otages qui, un an après, sont toujours détenus dans des conditions atroces par les terroristes du Hamas, ainsi qu’à ceux qui ont été assassinés entre-temps.

J’ai eu l’occasion de m’entretenir avec des proches d’otages. C’était déchirant, et il est difficile d’imaginer ce que les otages et leurs familles traversent depuis maintenant un an. Nous pensons à eux et continuons à espérer leur libération prochaine.

Il y a un an, un consensus s’est dégagé en Suisse: le Hamas est une organisation terroriste et, à ce titre, il doit être interdit. Aujourd’hui, un an plus tard, nous sommes sur le point de voir le Parlement interdire enfin le Hamas en Suisse. Il est grand temps. Cette interdiction est bénéfique pour toute la Suisse, pour nous toutes et tous. Pour que nous puissions retrouver à l’avenir une certaine sécurité.

Pour les personnes vivant en Israël, la vie est bouleversée depuis le 7 octobre. Nombreuses sont celles qui pleurent la mort de membres de leur famille, tués le 7 octobre ou plus tard, dans les combats contre le Hamas et ses alliés. Et presque tout le monde, dans le pays, a peur des tirs de roquettes, qui ont frappé de toutes parts et peuvent encore frapper, tout comme des attentats terroristes.

Pour les Juives et Juifs de Suisse, bien entendu, la situation n’est absolument pas comparable. Mais beaucoup d’entre nous ont aussi de la famille et des amis en Israël et craignent pour leur sécurité. Sans compter la hausse massive de l’antisémitisme, qui nous affecte toutes et tous. Même nos enfants, à l’école et à l’université, doivent se justifier pour une guerre avec laquelle ils n’ont rien à voir. Les Juives et les Juifs sont harcelés, ils sont insultés, ils se font cracher dessus ou agresser, ils sont même presque tués dans la rue simplement parce qu’ils sont Juives et Juifs et qu’on les tient pour responsables de la situation à Gaza. C’est inacceptable. Les nombreuses manifestations de sympathie pour les auteurs de tels faits et les hésitations quant à la condamnation des attentats terroristes sont tout aussi terribles. Cela complique considérablement le dialogue et le rend même parfois impossible.

Nous vous avons promis que nous lutterions contre le nombre croissant d’incidents antisémites en Suisse. Nous avons toutefois été confrontés à une vague d’antisémitisme d’une ampleur que beaucoup d’entre nous n’avaient jamais connue dans leur vie. Trop de Juives et Juifs le ressentent au quotidien, dans nos rues et sur nos places, dans nos écoles et nos universités, lors d’événements culturels et sportifs et, surtout, dans l’esprit des gens. De toute évidence, la représentation d’Israël dans de nombreux médias locaux a contribué à cette situation.

Le 2 juin, l’Assemblée des délégués de la FSCI a adopté ici à Berne une résolution dans laquelle les Juives et Juifs suisses expriment leur totale solidarité avec la population de l’État d’Israël. Il est également affirmé dans cette résolution que le droit à l’existence de l’État d’Israël est non négociable et que nous déplorons les souffrances de la population civile. Les Juives et Juifs suisses y déplorent en outre les souffrances endurées par la partie arabo-palestinienne, en précisant clairement la responsabilité du Hamas dans cette situation.

Dans cette synagogue de Berne et dans toutes les synagogues de Suisse, les fidèles prient chaque shabbat pour la Confédération, la ville et le canton, ainsi que pour l’État d’Israël, qui est considéré comme la première manifestation de notre rédemption. Nous prions pour la paix et pour les soldats d’Israël. Nous prions pour la survie d’Israël. Récemment, nous avons témoigné notre gratitude envers la Suisse et ses institutions, à l’unisson avec les Chrétiens et les Musulmans, dans une déclaration du Conseil suisse des religions.

J’espère sincèrement et je prie pour que d’ici un an, la paix soit restaurée en Israël et que notre société retrouve également la paix en Suisse. Pour y parvenir, toute la société doit apporter sa contribution. La première étape, et la plus importante, est le respect dans les relations mutuelles, afin qu’une cohabitation pacifique remplace la haine, le dénigrement et les préjugés.

Nous ne sommes pas insensibles et compatissons, encore et toujours. Nous portons le deuil, encore et toujours.

Et bien sûr, nous sommes toujours inquiets pour Israël, pour nous, Juives et Juifs suisses, pour les Juives et Juifs à travers le monde et pour le cours des choses à l’échelle mondiale.

Dans cet esprit, j’appelle de mes vœux, du plus profond de mon cœur, la paix pour Israël et le monde entier. Lors des offices religieux, j’insiste sur la dernière ligne du kaddich:

Osse Shalom Bimromav, Celui qui établit la paix dans ses hauteurs

avec une ferveur particulière et je suis convaincu que – beEsrat Hashem – tout ira bien.

Personnellement, j’aspire à tout mettre en œuvre, avec vous, pour surmonter cette situation regrettable et la tempête que nous traversons depuis des mois.

Dans le Tanakh, on nous demande d’être forts. Laissons la force et la confiance guider nos actions et cultivons notre unité et celle de tous les êtres humains.

Am Israel chai

Vive le peuple juif!