Likrat Public – un conte de fées d’été à épisodes ?
Dix à douze heures par jour sur le terrain et en tout temps joignables. Tel a été, trois semaines durant, dans les Alpes, le pensum des Likratinos et des Likratinas. Comment cela s’est-il passé, qu’est-ce qui a marqué les esprits, quel effet a eu le projet ? C’est ce que nous raconte Jonathan Schoppig, chef de projet FSCI de Likrat Public.
Tu as donc passé trois semaines à être tantôt ici, tantôt là ? Que t’en reste-t-il, qu’en as-tu rapporté à Zurich?
Un nombre incroyable d’expériences positives. Nous avons vu, une fois de plus, que neuf fois sur dix, les gens, juifs ou non juifs, avec lesquels nous parlons souhaiteraient être mieux informés et mieux connaître la culture et la religion des étrangers qu’ils côtoient. Cela représente tout de même un très fort pourcentage, et je regrette d’autant plus qu’il n’en soit pour ainsi dire jamais question dans le domaine public, où, malheureusement, seuls les problèmes et les incidents paraissent retenir l’attention. Mais lorsqu’on analyse ces incidents et ces zones de conflit, on s’aperçoit que les médiateurs que nous avons été parviennent souvent à déminer massivement le terrain et à permettre aux gens d’évacuer leurs frustrations. Ce qui est bien. Dans l’ensemble, notre travail a cependant été un travail d’information et de médiation, grâce auquel ce projet a été une réussite incontestable.
Qu’est-ce qui t’a particulièrement marqué ou frappé ?
La façon dont nos médiatrices et nos médiateurs ont su s’adapter à des situations totalement différentes les unes des autres. Ceci d’autant plus qu’il n’avait pas été possible de les préparer à toutes les situations que l’on est susceptible de rencontrer sur le terrain. Ils ont souvent eu à trouver en eux-mêmes les ressources nécessaires et à décider au cas par cas de ce qu’il convenait de faire. Ils ont fait preuve d’une belle assurance, sans laquelle le résultat n’aurait pas été ce qu’il a été.
Et qu’avez-vous atteint ? Que faut-il encore améliorer ?
Nous avons obtenu d’être perçus et respectés. Il ne va pas de soi, en effet, que des gens qui vous voient pour la première fois vous acceptent alors que vous débarquez chez eux avec un projet tel que celui-ci. Les vacanciers juifs, de même que les habitants de la région, ont compris les raisons de notre présence, ils nous ont parlé et ils ont fait usage des services que nous leur proposions. Certaines fois, même, à un point presque excessif. Excessif en ce sens que nous avons été confrontés à des demandes assez éloignées de ce que nous étions censés faire, mais qui montraient que l’on savait qui nous étions.
Comme pour tout projet en rodage, il y aurait effectivement beaucoup de choses à améliorer. Ce premier été a un peu des allures de start-up. Nous avions évidemment analysé la situation et réfléchi au pourquoi et au comment de la chose, mais le moment arrive où il faut se jeter à l’eau, ce qui est le seul moyen de s’aguerrir. Et nous ne savions d’ailleurs pas trop à quoi nous attendre. Et il est vrai que l’eau était parfois un peu froide. Cela dit, avec les nombreux retours et comptes rendus que nous avons eus, nous avons maintenant de quoi affiner et perfectionner notre concept et améliorer la formation des médiatrices et des médiateurs en prenant pour référence les situations que nous avons rencontrées sur le terrain.
Il y a quatre ans, tu as été, avec d’autres, à l’origine du projet Likrat Public. Que penses-tu de ses retombées ?
Likrat Public est aujourd’hui un fait reconnu et c’était prévisible. Likrat a été très bien accueilli au niveau des écoles. Et nous avons compris, à ce moment-là, que c’était un projet qui a du potentiel et qui pouvait également intéresser le monde des adultes. Il y avait, en effet, les besoins des adultes et des entreprises, qui souhaitent ce genre de rencontre, et nous avions d’autre part des Likratinos et des Likratinas qui avaient avancé en âge, qui étaient devenus des personnes ayant des formations solides, des personnes parfaitement préparées à ce genre d’activité. Nous avions, si l’on veut bien, et l’offre et la demande. Autant dire que les choses se présentaient au mieux.
Nous avons alors procédé de façon très systématique. Nous avons défini des groupes cibles : hôtels, compagnies aériennes, organisations de tourisme, mais également des établissements du domaine de la santé et des soins, avec lesquels nous avons pris contact et avons eu, à ce jour, un nombre respectable de rencontres. Ce projet se développe vraiment et prend de la vitesse. Il ne s’agit donc plus seulement de conduire notre projet d’été, mais d’augmenter également le nombre de rencontres régulières. Ce que vont surtout nous permettre de faire des Likratinos et des Likratinas qui souhaitent s’engager dans cette voie.
Quels sont par conséquent les projets pour l’année prochaine ?
L’événement phare de l’année prochaine sera évidemment le projet d’été, ceci pour autant qu’une décision ferme soit prise à ce sujet. Et il se déroulerait probablement à une plus grande échelle parce qu’un nombre plus grand de destinations souhaiteraient sans doute y participer. Par exemple l’Engadine, la Suisse romande ou Engelberg. Il faudra naturellement consacrer beaucoup de temps à sa préparation ainsi qu’à la formation continue de nos Likratinos et de nos Likratinas. Il se pourrait que nous organisions également dans les lieux de vacances des événements en dehors de la haute saison, que ce soient des rencontres ou des activités culturelles, par exemple des cours de cuisine casher. Les gens auraient ainsi l’occasion de se familiariser avec le judaïsme en dehors de la foule de vacanciers des mois de pointe.
Mais il faudra aussi continuer de développer les autres secteurs et organiser davantage de rencontres dans les hôpitaux ou les compagnies aériennes. Et nous allons nous intéresser prochainement à un nouveau groupe cible, à savoir, après les élèves, les enseignants. L’idée serait d’organiser des rencontres ou des formations avec des enseignants confirmés ou débutants.
On entend dire que la veste Likrat bleue à capuchon fait un tabac. À quand la boutique en ligne pour les accessoires Likrat ?
[Rire] Voilà une question qu’il vaudrait mieux poser aux gens de la communication. Mais il est vrai que cette veste bleue est un outil formidable, que les Likratinos et les Likratinas ont énormément apprécié. Mais nous la voyons plutôt comme une récompense pour avoir mis sur pied dix rencontres Likrat ou accompli un exploit. De toute façon, rien n’est encore décidé.
Le projet d'été 2019 de Likrat Public
Cela fait des dizaines d’années que des Juifs du monde entier viennent passer leurs vacances en Suisse, dont ils apprécient surtout les montagnes. Et, comme toujours lorsque se rencontrent des cultures différentes, peuvent naître des interrogations, des confusions, voire des malentendus. Et c’est là qu’intervient Likrat Public, qui entend mettre le dialogue au service d’échanges conduisant à mieux se connaître et mieux se comprendre. Un projet que font vivre des médiateurs et des médiatrices qui, sous le nom de Likratinos et Likratinas, ont commencé, il y a quatre ans, à se rendre dans des organisations et des entreprises ayant une clientèle juive. Mais Likrat Public a franchi cet été un nouveau cap en relançant avec une vigueur encore accrue une médiation devant mener à ce que la population locale et ses hôtes juifs se comprennent mieux et vivent en bonne intelligence.