Mémoire

Soirée commémorative de la nuit des pogromes en Romandie

Dans toute la Suisse, le 8 novembre au soir, les communautés juives ont commémoré les 80 ans de la nuit des pogromes. Les synagogues de Baden, Bâle, Berne, Genève, Lausanne et Zurich ont toutes été éclairées exceptionnellement en souvenir de la nuit des pogromes. A Genève, plus de 250 personnes ont assisté à une cérémonie commémorative au sein de la Grande Synagogue Beth Yaakov. À Lausanne, l’accent n’était pas mis sur une grande cérémonie officielle mais plutôt sur un rassemblement de jeunes de toutes religions. Une cinquantaine de jeunes de la région vaudoise ont rencontré un survivant de la Shoah.

80 ans plus tard, les horreurs et les blessures de la Nuit des pogromes ne sont pas oubliées. Bien au contraire. Dans toute l’Europe et en Suisse également, le début de la Shoah a été commémoré. Les synagogues de Baden, Bâle, Berne, Genève, Lausanne et Zurich ont reçu une attention toute particulière. Toutes ont été baignées d'une lumière vive de l'extérieur lors de la soirée du 8 novembre 2018. Un message clair a été envoyé : plus jamais ça ! La Fédération suisse des communautés israélites (FSCI), la Plateforme des Juifs libéraux de Suisse (PLJS) et les communautés juives concernées ont voulu attirer l'attention sur le fait que l'oubli doit être combattu par la mémoire et que la mémoire doit également être activement promue dans la société et à l'avenir.

Se souvenir à Genève

A Genève, après l’illumination de la Grande Synagogue Beth Yaakov, des représentants du monde politique, diplomatique et religieux se sont tous réunis à l’intérieur de la synagogue pour se rappeler l’importance du devoir de mémoire. Plus de 250 personnes de toutes confessions se sont réunies pour se rappeler cette nuit si tragique du 9-10 novembre 1938. Madame Corinne Chaponnière, écrivaine et auteure du livre « Les quatre coups de la Nuit de Cristal » a pu partager avec le public ses impressions sur cette nuit terrible ainsi que les événements historiques qui s’ensuivirent. L’ambiance générale était solennelle et un hommage a été rendu à toutes les victimes de la nuit des pogromes et de la Shoah. Le Président de la communauté juive de Genève (CIG) Me Philippe Grumbach a précisé lors de la soirée que « le souvenir de la Shoah n’est pas simplement un rapport obsessionnel au passé. L’actualité nous rappelle que le devoir de mémoire est plus important que jamais ». M. Joel Herzog, Président des Amis suisses de Yad Vashem, a rappelé qu’il faut « nous interpeler à chaque dérapage de la parole, dont la conséquence peut se matérialiser par des actes et à chaque acte antisémite ou raciste ». Plus jamais ça !

Un survivant parle aux jeunes

A Lausanne également, la synagogue fut illuminée après une brève cérémonie. Mais à Lausanne la communauté a voulu se concentrer sur la jeune génération et la transmission de la mémoire. Elle a invité un des plus jeunes rescapés de France des camps de Ravensbrück et Bergen-Belsen, M. David Allouch. Plus de 50 jeunes de toutes confessions réunies ont écouté M. Allouch raconter son expérience au sein des camps de concentration. Des larmes ont coulé tout au long de la soirée en entendant ce témoignage poignant. M. Allouch a pu répondre aux questions nombreuses des jeunes qui sont repartis avec un message important : celui de ne jamais oublier à quoi peut conduire la haine de l’autre et tout faire pour que cela ne se reproduise plus jamais.

Vers le rapport de la Suisse alémanique

Plus d'informations et contexte

La Vice-présidente du Conseil d’Etat Madame Emery-Torracinta au souvenir actif

La Vice-présidente du Conseil d’Etat Madame Emery-Torracinta était également présente et a été interviewée au sujet de la signification de cette commémoration.

Qu'est-ce qui vous a décidée à assister à la commémoration ?

Il est important pour le Conseil d'Etat de marquer, par sa présence à de telles cérémonies, son attachement aux droits humains et à la lutte contre les discriminations, l'oppression et la violence politique. Et il est important pour moi, en tant qu'ancienne enseignante d'histoire, d'entretenir la mémoire des grands malheurs politiques comme ressource pour éviter leur retour.

Pourquoi pensez-vous qu'il est important que des manifestations commémoratives aient également lieu en Suisse ?

Nous observons un peu partout – du Brésil de Bolsonaro aux Philippines de Duterte en passant par les Etats-Unis de Trump ou la Hongrie d'Orban – une résurgence des tentations autoritaires et xénophobes. Le climat politique général est préoccupant. Il y a eu tout récemment à Pittsburgh un attentat antisémite qui a fait 11 morts ; et à Genève, des attaques d'extrême-droite contre une librairie et les locaux d'une association d'étudiants de l'Université de Genève. Personne n'est à l'abri.

Quelle importance attachez-vous au souvenir actif de la nuit des pogromes et de la Shoah ?

Le devoir de mémoire doit venir nourrir et vivifier le « Plus jamais ça » qui a joué un rôle si essentiel dans l'histoire européenne récente. Les témoins de l'époque nous quittent progressivement ; et nous courons le risque, si le souvenir actif de la barbarie nazie s'efface, de ne plus savoir reconnaître le danger quand il se présentera. Il s'agit d'entretenir une vigilance civique aiguisée par la connaissance du passé.

Vous êtes chargée du DIP à Genève. Quelle place devrait occuper les événements entourant la Shoah dans les leçons scolaires ? Comment est-ce que l'importance de ces événements va évoluer à l'avenir ?

Quand j'étais enseignante, j'ai beaucoup travaillé sur la Shoah et les génocides. Car si les enseignants d'histoire accordent une place importante à la Shoah, c'est parce que c'est un cas d'étude incontournable pour analyser la propagande, le totalitarisme, la soumission à l'autorité et la manière dont des « hommes ordinaires », pour parler comme l'historien Christopher Browning, peuvent se laisser entraîner à commettre l'irréparable.

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